Bruno Gollnisch a le blues et le fait savoir. Dans une interview au site FTV2012, mercredi 25 janvier, celui qui avait recueilli près d'un tiers des voix face à Marine Le Pen dans la course à la présidence du FN, en 2011, regrette d'être "occulté" de la campagne de sa candidate. S'il pointe les médias, il en impute implicitement la responsabilité à "Marine", comme il l'appelle. "Si Marine ne souhaite pas que je m'exprime, je ne vais pas me livrer à des reptations pour avoir une émission", explique-t-il. Et de glisser, tout en assurant "prendre le problème avec philosophie", ce qui ressemble à s'y méprendre à une menace : "Je ne suis pas sûr que Jean-Marie Le Pen ne trouve pas cette situation un peu surprenante. Il suffirait que j'exprime le moindre dissentiment et je serais invité dans les 20 heures. Je sais comment le système marche."
Diplomate, Gollnisch assure tout de même dans la même interview juger la campagne de Marine Le Pen "bonne, indiscutablement". "Ses apparitions médiatiques sont très bonnes. Elle accomplit d'assez nombreux déplacements qui sont plutôt réussis", ajoute-t-il, sans évoquer le programme, ni les questions de fond.
"Je la trouve percutante"
Mais en privé, ce proche de Jean-Marie Le Pen réprime difficilement un sourire lorsqu'on l'interroge justement sur le fond de la campagne du FN. "La trouvez-vous convaincante ?" l'interrogeait-on il y a quelques semaines. "Je la trouve percutante", répondait cet universitaire chez qui le choix des mots n'est que rarement laissé au hasard. Alors qu'on lui fait encore remarquer la très grande diplomatie dont il use au sujet de la patronne du FN, Gollnisch, embarrassé de devoir répondre, lance dans un sourire : "Si je vous dis qu'elle est pétrie de qualités, vous me direz : pauvre andouille, alors pourquoi vous êtes-vous présenté contre elle ?"
Au sujet du porte-parole de Marine Le Pen, le jeune énarque Florian Philippot - un ex-chevènementiste qui se déclare "patriote gaulliste" -, censé incarner le FN "dédiabolisé', Gollnisch commente, à peine ambigu : "Je ne suis pas devenu gaulliste à son contact..."