~ ! Discours prononcé ce dimanche dans la convivialité du barbecue de rentrée des sympathisants du Val d'Oise Mes chers amis,
C’est avec un réel plaisir que je retrouve les militants du Val d’Oise et je ne vous remercierai jamais assez pour votre fidélité et votre résistance car depuis 2012, notre parti et notre pays ont vécu des heures difficiles. Merci Jérôme pour ton invitation, merci pour ta solidité, ta loyauté, merci de ne jamais craindre l’adversité. Merci à Axel Poniatowski, Philippe Houillon et Florence Portelli et tous les élus du Val d’Oise présents.
Depuis deux ans, contre vents et marées, je poursuis avec beaucoup d’entre vous une ligne de conviction que les évènements ne démentent pas. Je dis et je répète que la France est entrée dans une phase de déclin qui n’est pas conjoncturelle. Quand j’affirmais cela il y a quelques années, certains me disaient : «François tu exagères, tu risques d’effrayer les Français»… Comme si le mensonge et la complaisance étaient préférables à la vérité. Aujourd’hui, la réalité du naufrage français éclate, et ça n’est pas maintenant que je vais commencer à me taire. Depuis 2 ans, je dis que la droite doit savoir faire son bilan, et moi le premier.
On me rétorque qu’ «il faut oublier le passé» comme si la lucidité ne faisait partie de la crédibilité. Depuis deux ans, je dis aussi que l’UMP doit retrouver son honneur perdu. Quand je disais cela on me disait, là aussi, « attention François, tu risques de braquer les adhérents», comme si les militants n’avaient pas le droit d’exiger honnêteté et sincérité. Et enfin, depuis deux ans, je dis qu’il faut bâtir un projet nouveau et puissant car on ne pourra pas redresser la France avec des demi-mesures. Là, on m’a souvent rétorqué que «le temps n’était pas au projet et encore moins aux mesures radicales ».
Alors que le pays part à vau-l’eau, j’affirme qu’il est bien temps de préciser aux Français ce que nous proposons. Nous nous retrouvons, mes amis, dans des circonstances graves : la France s’enfonce et, autour d’elle, le monde va mal. Je me suis rendu en Irak pour évaluer la situation et témoigner de notre soutien aux Chrétiens d’Orient.
Là-bas, à cinq heures de vol de Paris, on assassine des enfants, on vend des femmes sur le marché, on décapite ceux qui ne pensent pas comme vous et qui ne croient pas comme vous, on milite pour la guerre des religions et des civilisations !
Le chaudron du terrorisme intégriste constitue une menace dont j’ai pu mesurer l’organisation et la barbarie. Avec la coalition internationale, la France va s’engager dans un combat indispensable pour défendre des valeurs et notre sécurité collective, mais il faut être conscient que ce combat sera difficile et qu’il expose notre territoire.
Plus j’observe les périls de notre monde, plus je vois le prix de la liberté. Mais la liberté n’est pas un don du ciel, c’est une lutte incessante pour être une nation forte. Au rythme où nous allons, où en sera la France au terme de ce quinquennat ? Depuis mai 2012, 28 mois ont passés, 28 mois gâchant les chances de la reprise, 28 mois pour rien. 0% de croissance ; une économie à plat ; 500.000 chômeurs de plus depuis 2012 – un record historique-
Jamais la France n’a compté autant de chômeurs; des déficits en plein dérapage et une dette qui atteindra bientôt 100% du PIB… 2000 milliards d’euros ! Tout milite pour une réaction au plus haut niveau, mais là-haut, y a-t-il encore vraiment un Chef d’Etat qui puisse être entendu, cru, suivi ?
Mardi dernier, son Premier Ministre a obtenu la confiance de sa majorité mais c’est une goutte d’eau dans l’océan de la défiance populaire. Quant à la conférence de presse de François Hollande, elle ne fut qu’un exercice de style pour habiller un pouvoir en perdition. «C’est pas facile» de présider, nous a dit le Président qui voulait être normal. Ça n’est pas faute de l’avoir prévenu que la charge était lourde et que la crise, qui a démarrée en 2008, n’était pas finie. Maintenant, il cherche à donner du sens à une politique qui est floue et qui échoue.
On va dans le mur, et le conducteur prétend avoir les choses en main…
Face à l’urgence, il faudrait changer de route, il faudrait un sursaut, mais rien ne vient ! A l’Elysée, on «espère des résultats avant 2017». On espère, on spécule, on croise les doigts…
Bref, on n’est pas en guerre contre la déflation et le chômage de masse ! On n’est pas en guerre contre les déficits et les impôts qui vont avec ! On est dans la logique du «temps laissé au temps», on est dans le déni et dans l’espoir d’une improbable éclaircie. On attend tout du pacte de responsabilité annoncé il y a 9 mois et dont les éventuels bénéfices n’interviendront que dans 12 mois minimum ; on prie chaque mois pour que le chômage soit freiné par l’utilisation massive des emplois subventionnés par l’Etat ; on prend passivement acte de l’augmentation de nos déficits ; on implore Bruxelles d’excuser notre pays de ne pas savoir remettre ses comptes publics en ordre ; et puis, on espère tout de la BCE comme si elle pouvait à elle seule relancer la France.
J’ai été éberlué d’entendre que c’était grâce à ce gouvernement que la BCE et l’Allemagne acceptaient désormais une politique monétaire plus souple, alors que c’est largement à cause de François Hollande et de sa politique calamiteuse que la déflation gangrène la zone euro !
En vérité, notre pays est devenu le maillon faible de l’Union européenne. Pour nos partenaires, il est devenu la nation qui ne tient pas ses engagements, la nation des discours, des déficits et des non réformes. Honte et inquiétude : voilà ce que j’éprouve devant cet abaissement national qui amène la France à ne plus être le leader de l’Europe mais bien le problème de l’Europe.
Mes amis, Aucun patriote ne peut se réjouir d’une telle situation. Je n’apprécie pas M. Hollande, mais j’aime mon pays, et c’est la raison pour laquelle j’ai soumis l’idée d’un agenda national pour sortir la France de sa détresse économique. Puisque le Président ne veut pas dissoudre l’Assemblée, puisqu’il ne veut pas démissionner, puisque l’option du remaniement gouvernemental est épuisée, puisque sa majorité est déliquescente, François Hollande ferait bien, pour une fois, d’écouter l’opposition républicaine !
En Europe, il y a des exemples de gouvernements qui ont l’audace de prendre en compte leurs opposants, et il y a des opposants qui acceptent de servir l’intérêt national dès lors que les objectifs sont clairs. Il ne s’agit pas de se fondre dans la mélasse gouvernementale ni de jouer les supplétifs d’un pouvoir aux abois… Non, il s’agirait de définir un agenda national, ciblé sur des réformes fondamentales pour redresser la France : assouplissement rapide du marché de l’emploi, baisse immédiate et sans contreparties du coût du travail, réduction forte des dépenses publiques…
Voilà les axes autour desquels il serait bien venu de rassembler les volontés avant qu’il ne soit trop tard ! Malheureusement, le Président n’a pas la lucidité de comprendre qu’il devait sortir de son bunker. Il va continuer sa route, muré dans la certitude que demain, comme par miracle, les choses vont se ré-enchanter. «Ré-enchanter le rêve français» : c’était le slogan de campagne de François Hollande…
Il serait temps qu’il ouvre les yeux car le pire n’est pas nécessairement derrière lui et surtout derrière notre pays. Pour réduire sérieusement le chômage, il faut au moins 1,5% de croissance. On en est loin, et, dès lors, rien n’indique que nous ayons touché le fond ! Pour relancer l’investissement, il faut baisser les impôts qui les frappent et changer radicalement l’image de la France à l’étranger.
Pour tous ceux qui pourraient investir dans notre pays, la France c’est 35 et 75 ! 35 heures et 75 % !
Quant à nos taux d’intérêts, qui sont aujourd’hui très bas et qui constituent notre ultime rempart face à la déflation, gare aux retournements !
Pour que nous taux n’augmentent pas, encore faudrait-il rassurer les investisseurs sur la solidité budgétaire de la France, or la dérive de nos déficits peut entraîner une rupture de confiance qui serait meurtrière pour notre économie et pour les ménages. Bref, la situation est mauvaise et elle peut l’être plus encore si le pouvoir continue de prendre les vessies pour des lanternes. Comprenez-moi bien : je ne prends aucun plaisir à être alarmiste, mais si je le suis, c’est parce qu’à l’Elysée il n’y a visiblement aucun système d’alarme.
Mes amis, Ça n’est ni la gauche, ni l’extrême-droite, qui vont relancer le pays. La gauche montre son impuissance, quant au FN, son programme économique est un mélange d’ultra socialisme et de protectionnisme.
Qui peut croire une seconde que c’est en rétablissant le franc et en revenant à la retraite à 60 ans que la France va survivre.
Non, le devoir de relancer notre pays nous incombe ! Alors c’est vrai, nous partons de loin… Avec Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin, nous assumons depuis cinq mois une mission de remise en ordre de l’UMP qui a été frappée par les épreuves financières et judiciaires.
En novembre, se tiendra notre Congrès. Mon rôle au sein de la direction collégiale me commande de ne pas prendre parti, de rester au-dessus de cette compétition interne. Je ne donne aucune instruction. Vous êtes libres, vous êtes responsables, vous voterez selon votre conscience, car je me suis assez battu pour que la démocratie au sein de notre mouvement soit respectée pour ne pas respecter votre indépendance !
Je rencontrerai tous les candidats, car comme vous, je veux savoir quel projet, quelles valeurs, quels objectifs les animent vraiment.
Je n’ai pas le culte des «sauveurs» mais le culte des idées. Aujourd’hui, la question n’est pas de savoir qui peut battre François Hollande ? A priori, tout le monde.
Non la question est comment rassembler les Français et surtout pour quoi faire ?
Alors, vous évaluerez, vous réfléchirez et vous choisirez en votre âme et conscience. Quant à moi, je vais assumer jusqu’au bout la mission de la direction collégiale. Et puis, j’agirai en homme libre, parce que notre mouvement a besoin de débats pour se réinventer. J’ai des convictions qui me tiennent au cœur, et, en vue de la primaire de 2016, je prépare un projet pour la France qui sera sans concession car mon parti c’est mon pays, et c’est pour lui que je m’inquiète et que je me bats.
Au-delà de nos destinées personnelles, dans dix ans, que sera la France ?
Une nation que le monde regardera de façon condescendante ?
Une nation sous tutelle du FMI ?
Ou bien sera-t-elle la première puissance européenne, productive, innovante, confiante dans sa capacité à choisir le Progrès. Le Progrès…
Le Progrès, c’est d’abord la fierté d’appartenir à une nation magnifique qui mérite d’être aimée, respectée, sublimée aussi. La Tour du Pin écrivait que «les pays qui n'ont plus de légende sont condamnés à mourir de froid». Nous sommes 65 millions dans un monde de 7 milliards d’habitants…
Si nous perdons la foi en la France, si l’idée d’une certaine grandeur se dissipait, alors que restera-t-il ?
Ayons foi en nous : soyons des patriotes au cœur ardent et pas des petits nationalistes, célébrons nos inventeurs et nos industriels, encourageons ceux qui ont l’audace de créer leur entreprise, applaudissons ces enfants des cités qui décrochent les plus hauts diplômes, saluons nos soldats qui défendent notre liberté, aimons la France, aimons-là de toutes nos fibres, et puis regardons l’avenir et défions-le !
Le Progrès, c’est avoir en soi cette flamme de la vie qui nous porte à penser que l’invention, la création, la rupture sont des sources de rajeunissement permanent. Une société qui calcule tous les risques, c’est une société qui n’avance plus. Alors, repoussons ces réflexes de surprotection, de sur-réglementation qui laminent notre vitalité. Donnons à notre société la liberté qu’elle réclame en donnant à nos entrepreneurs, chercheurs, travailleurs, familles le pouvoir de tenir leurs responsabilités.
Le Progrès, c’est aussi la récompense de l’unité nationale car sans le gout de vivre ensemble et de foncer ensemble, nous sommes sûr d’échouer. Aujourd’hui, la patrie se fissure. La délinquance gangrène des quartiers entiers ; les échecs de l’intégration exacerbent les tensions entre les citoyens ; dans nos propres rues, le fondamentalisme et le Djihad trouvent des adeptes. Ceux qui ne voient pas que la République craque de l’intérieur sont aveugles où naïfs. Le pays a un besoin d’autorité; il a un besoin de règles claires; il a besoin d’unité !
Sécurité, immigration, civisme, laïcité : sur tous ces sujets, il faut un discours ferme et une réponse forte et crédible.
Sur la délinquance pas de complaisance. Un voyou est un voyou et chaque faute doit être sanctionnée rapidement et rudement.
Sur l’immigration pas d’angélisme.
Vu l’état de son économie et de son taux de chômage, la France ne doit accueillir que ce qui est possible et nécessaire, et ses prestations sociales ne doivent plus être accordées qu’après une année de présence régulière sur le territoire.
Face à l’immigration irrégulière, le message doit être simple : c’est le renvoi !
Quant à l’intégration, il faut cesser de tergiverser : nous voulons que les étrangers qui viennent en France se plient à ses lois et ses traditions et non le contraire.
La laïcité fait partie de nos lois : ici, chacun est libre de croire ou de ne pas croire, mais aucune religion ne saurait se prétendre au-dessus de la République.
Et puisque j’évoque la République, je veux rappeler que l’Ecole est son creuset. Auprès des familles qui ne doivent pas démissionner, le rôle de l’Ecole est d’instruire les enfants et de les éveiller aux lumières de la culture, son rôle est de leur apprendre le respect, son rôle est d’apprendre à dire « nous» plutôt que «je», son rôle est d’unir les destins quelles que soient les origines sociales ou la couleur de la peau. Et s’il faut pour cela, donner aux chefs d’établissements plus de pouvoirs, donnons-le ; et s’il faut des symboles, alors rétablissons une tenue uniforme à l’Ecole qui rappellera à chacun que l’égalité entre les filles et les garçons, entre les riches et les pauvres, entre les croyants et les non croyants, est à la source de l’unité nationale.
Et puis, mes amis, le Progrès, depuis l’origine des temps, c’est un combat intime à chacun d’entre nous : entre le courage et la démission, entre l’intérêt personnel et l’intérêt général. Tout ne dépend pas des lois et tout ne vient pas du sommet, car tout citoyen est comptable de ses actes et devrait pouvoir donner le maximum de son potentiel. En chacun de vous, il existe une flamme qui ne demande qu’à grandir et chacun peut changer sa vie dès lors qu’il se retrousse les manches et qu’il ose se lancer !
Le jour où les Français pourront donner le meilleur d’eux-mêmes, la France - j’en ai la certitude - retrouvera cette force dont elle est capable.
Ceux qui pensent que notre peuple est à bout de course ont tort; c’est notre système qui est à bout de souffle, or, un système ça se change !
En 1958, la France l’a fait ; le Royaume Uni l’a fait dans les années 80; le Canada et la Suède l'ont fait dans les années 1990; l'Allemagne l’a fait à partir de 2002. Notre pays est l’un de ceux qui compte le plus de contraintes. Tout est réglementé, encadré, uniformisé… Comment voulez-vous dans ces conditions libérer les énergies ? Puisque l’Etat providence est en faillite, puisque le socialisme ne marche pas, alors, si on essayait la liberté ? C’est par la liberté que nous retrouverons le gout d’oser, de risquer et d’assumer nos responsabilités.
Grâce à ses ressources, notre pays peut effectuer son retournement en deux ans, se redresser en cinq ans, et en l’espace de dix ans, la France peut être la première puissance européenne. Pour cela, il faut un projet radicalement nouveau.
La France doit sortir des 35 heures et ramener la négociation du temps de travail dans chaque entreprise. Face au mur de la complexité, il faut refonder le code du travail sur ce qui relève des normes sociales fondamentales et renvoyer le reste des dispositions à la négociation en entreprise.
C’est une révolution, et je l’assume au nom de la certitude que le maquis actuel est un tueur de croissance et d’emploi, au nom aussi d’une rénovation du dialogue social qui est beaucoup trop hiérarchisé et stéréotypé. Nous devons réformer notre marché d’emploi car il vaut mieux plus de souplesse que toujours plus de chômage. Notre pays doit être la patrie des entrepreneurs, des investisseurs, des inventeurs et à cet égard, je préfère voir ceux qui créent de la richesse rester en France plutôt que de s’exiler ailleurs. J’ai dit un jour que «j’étais à la tête d’un Etat en faillite», et je ne regrette pas d’avoir sonné le tocsin. Globalement, il faut 100 milliards d’euros d’économies pour équilibrer nos comptes et arrêter de nous endetter n’importe comment.
On n’atteindra pas cet objectif uniquement avec des coups de rabot et en grattant, ici ou où là, des économies. Il faut des réformes de structure, il faut replacer le temps de travail de la fonction publique à 39h, il faut réduire les effectifs de nos administrations de 20%, il faut valoriser parallèlement les carrières des agents publics qui ne doivent être condamnés à la paupérisation, il faut repenser nos administrations nationales et territoriales, et puis, il faut réactualiser nos acquis sociaux…
C’est un immense travail qui exige beaucoup de courage, mais si on fait ce travail comme nous ne l’avons jamais fait auparavant, alors nous verrons que la France peut se relever rapidement.
Voilà, mes chers amis, les convictions que je voulais partager avec vous. Au cours des 12 derniers mois, j’ai parcouru la France, j’ai rencontré des milliers de Français… Ils traversent des heures difficiles, ils sont furieux, dégoutés, mais, paradoxalement, je sens qu’ils peuvent se révéler d’une très grande audace car ils sont lucides sur la situation et ils sont prêts à prendre des risques pour sortir du marais.
Alors, sans trembler, je vous demande, pour la France, une mobilisation sans faille, je vous demande de retendre vos forces, je vous demande d’être aux avant-postes pour dire que notre pays doit se dépasser et qu’il peut se relever.
Vous serez ainsi au service d’un idéal qui dépasse chacun d’entre nous. Cet idéal s’appelle tout simplement la République.
Vive la République, et vive la France !