Ancien chef du service de renseignement et de sécurité des services français, Alain Chouet rappelle que «la féroce dictature» d'Assad est soutenue encore par presque un tiers de la population syrienne. Faudra-t-il se résoudre longtemps à choisir, demande cet expert reconnu, «entre des dictatures militaires et des théocraties imbéciles» ? Triste choix....

Depuis plus d’un an maintenant les augures politiques et médiatiques annoncent la fin du régime syrien pour les jours qui viennent, la fin de la semaine ou la fin du mois en cours. Celle-ci paraît pourtant indéfiniment reportée. Après avoir repris le contrôle des principaux foyers islamistes du centre du pays (Homs, Hama), ainsi que des banlieues de Damas, l’armée loyaliste est en passe de réduire la rébellion dans la seconde ville du pays, Alep. Les insurgés bénéficient pourtant de lignes d’approvisionnement direct en armes de provenances diverses, en finances servies par les monarchies du Golfe et en assistance militaire fournie plus ou moins ouvertement par différents pays occidentaux, dont la France.

A force d’incantations, les augures finiront sans doute par avoir raison. Le régime syrien à la tête d’un pays de taille moyenne et aux ressources limitées ne saurait résister indéfiniment à la pression conjuguée des armées occidentales qui assistent sa rébellion, aux théocraties islamistes qui la soutiennent financièrement, aux partis islamistes turc, irakiens, libanais et jordanien qui assurent sa logistique et son appui aux frontières. Face à une telle coalition, Bashar el-Assad peut encore gagner la guerre. Mais la Syrie ne se relèvera probablement pas de l’épreuve et s’enfoncera durablement soit dans la guerre civile soit dans la constitution de réduits communautaires hargneusement repliés sur eux-mêmes.

Source : Alain Chouet - La Tribune