« Monsieur le
Président,
Je fais suite à notre rencontre à l’instigation de mon avocat, Olivier PARDO. Cette rencontre nous a permis de nous rendre compte qu’il y avait bien eu un malentendu et une confusion non
seulement dans la reprise de mes propos par les médias, mais également dans l’analyse qui a pu ensuite en être faite et qui a conduit à ce déchainement médiatique à mon encontre.
En effet, je n’ai jamais dit contrairement à ce qui a pu être colporté dans les médias que «tous les délinquants sont Arabes et noirs», mais que «la plupart des délinquants sont Arabes et
noirs.» Ma volonté n’a jamais été de stigmatiser « les noirs ou les arabes » comme des délinquants, mais si cette phrase, sortie de tout contexte, a pu heurter, je le regrette.
La mise en scène tout de gouaille cynique d’un Ardisson sur Canal +, qui prévient d’avance par un panneau comme dans les dessins animés de Tex Avery : «Attention, Zemmour dérape», et qui mime
un effarement scandalisé d’autant plus surjoué qu’il est enregistré et inséré a posteriori, tandis que pendant l’émission, il avait pris un air patelin, pour me glisser à l’oreille : «tu as un
rôle très important dans la société de dire les vérités qui dérangent…Ne t’inquiète pas, je te protégerai au montage…» Car si mes propos étaient si infâmes à ses yeux, que ne les a-t-il coupés
au montage ?
D’autres sont allés plus loin. J’aurais déclaré : «tous les Arabes et noirs sont délinquants.» C’est ainsi que l’a pris – ou a voulu le comprendre- un membre éminent du CSA, Rachid Arhab, qui a
rétorqué à la cantonade : «on peut être Arabe et membre du CSA». Mais était-ce le sujet ? Des journalistes m’ont même demandé si j’avais voulu dire qu’ils «étaient délinquants parce qu’arabes
et noirs». Et ils se sont étonnés que je refuse de leur répondre.
Je n’ai bien entendu pas voulu dire tout cela. Je connais trop la souffrance réelle de mes compatriotes «Arabes et noirs», honnêtes travailleurs, parents intègres, qui se sentent «salis» par
les exactions des bandes de jeunes gens qui ont la même origine qu’eux. Je le sais d’autant mieux qu’avec mon patronyme, je me souviens du temps pas si lointain – les années 70- où une bande de
truands célèbres – les frères Zemour – défrayaient la chronique criminelle, la honte dans les yeux de mon grand-père; et accessoirement, l’attente interminable dans les aéroports pour la
vérification vétilleuse – et sans ordinateur- de mon identité. Mon grand-père souffrait en silence pour «son nom traîné dans la boue», mais il n’a jamais prétendu que nos homonymes n’étaient
pas des brigands de grand chemin !
On a volontairement oublié que ma désormais fameuse phrase n’était qu’une réponse aux arguments développés par les autres intervenants selon laquelle «la police n’arrête que les Arabes et
noirs». Cette double «stigmatisation» – et de la police républicaine – et des «Arabes et noirs» ne choque personne. Les «Arabes et noirs» peuvent être distingués du reste «de la communauté
nationale» s’ils sont héros ( le livre de Thuram exaltant les héros noirs) ou victimes. Dans tous les autres cas, il est infâme de les distinguer. Cette injonction universaliste conviendrait
assez bien à mon tempérament assimilationniste. J’ai tendance à ne voir dans tous les Français que des enfants de la patrie, sans distinction de race ni de religion, comme dit le préambule de
notre Constitution.
Mais voilà que l’on me reproche aussi cette position, que l’on juge désuète, très IIIème République, exhalant un fumet néo-colonialiste. Au nom du droit à la différence, de la modernité, on
doit pouvoir exalter ses racines et l’enrichissement d’une société multiculturelle. Mais quand vous avez l’outrecuidance de montrer l’envers de ce décor riant, on redevient furieusement
universaliste !
J’ai eu le malheur d’ajouter : c’est un fait ! J’aurais sans doute dû ajouter «malheureusement». Je ne me réjouis ni pour eux ni pour la société française; mais l’autruche n’est pas mon modèle.
On me rétorque un peu facilement qu’il n’y a pas de statistiques ethniques pour prouver mes dires. Pourtant, devant une commission parlementaire du Sénat, Christian Delorme, surnommé «le curé
des Minguettes», ne déclarait il pas : « en France, nous ne parvenons pas à dire certaines choses parfois pour des raisons louables. Il en est ainsi de la surdélinquance des jeunes issus de
l’immigration qui a longtemps été niée, sous prétexte de ne pas stigmatiser. On a attendu que la réalité des quartiers, des commissariats, des tribunaux, des prisons, impose l’évidence de cette
surreprésentation pour la reconnaître publiquement. Et encore, les politiques ne savent pas encore en parler.»
Il y a quelques années, une enquête commandée par le ministère de la justice, pour évaluer le nombre d’imans nécessaires, évaluait le pourcentage de «musulmans dans les
prisons» entre 70 et 80%. En 2004, l’islamologue Farhad Khosrokhavar, dans un livre «L’islam dans les prisons ( Balland) confirmait ce chiffre. En 2007, dans un article du Point, qui avait eu
accès aux synthèses de la Direction Centrale de la Sécurité Publique ( DCSP) et de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) on évaluait entre 60 et 70% des suspects répertoriés
issus de l’immigration. Il y a près de dix ans, la commissaire Lucienne Bui Trong, chargée des violences urbaines à la direction centrale des RG relevait que 85% de leurs auteurs sont d’origine
maghrébine. Dans un article du Monde, du 16 mars 2010, les rapports des RG sur les bandes violentes, établissaient que 87% étaient de nationalité française; 67% d’origine maghrébine et 17%
d’origine africaine. La «plupart» est donc, au regard de ces chiffres, le mot qui convient.
Mes contempteurs pourraient d’ailleurs me rétorquer que ces chiffres prouvent bien que les personnes issues de l’immigration sont défavorisées, puisque depuis Victor Hugo, on sait bien que
c’est la misère qui crée la délinquance. On pourrait aussi rappeler que dans tous les pays d’immigration, les derniers arrivés donnent souvent les gros effectifs à la délinquance – Irlandais
dans l’Amérique du XIXème siècle, Marocains dans l’Israël des années 50, Russes aujourd’hui. Ces arguments ne sont d’ailleurs pas sans fondement, mais on ne me les présente nullement. On exige
seulement que je me taise.
On me reproche aussi de contester le principe de «discrimination». Mais je continue de penser que le concept même de «discrimination» est dangereux, qu’il pousse à la délation et
l’irresponsabilité. Depuis quand n’a-t-on plus le droit en France de contester le bien fondé d’une loi ? Cette question des discriminations est potentiellement explosive dans un pays égalitaire
comme la France. Quand certains grands patrons déclarent qu’ils n’embaucheront plus désormais que «des gens issus de l’immigration, et en tout cas pas des mâles blancs», c’est aussi une
discrimination, mais personne ne s’en soucie. C’est pour éviter ces querelles sans fin que j’explique que « la discrimination, c’est la vie », c’est à dire la liberté de choix. Il faut traiter
les problèmes réels autrement. En tout cas, on peut en débattre dans un pays libre.
Il existe aujourd’hui une ambiance délétère dans le débat démocratique français. Le pays de Voltaire :« je ne suis pas d’accord avec vous mais je me battrai pour que vous puisiez le dire »
devient le pays de Torquemada qui tue l’hérétique pour sauver son âme. Pourquoi les journalistes qui prétendent faire un portrait de moi, s’empressent ils de demander à mes employeurs s’ils me
garderont leur confiance ? Il y a aujourd’hui en France une ambiance maccarthyste qui réclame «l’interdiction professionnelle» comme exutoire des dérapages. C’est ma mort sociale qui est
réclamée.
Notre rencontre a eu le mérite d’ouvrir un dialogue qui je l’espère pourra se prolonger, hors de l’enceinte d’un tribunal.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de mes sentiments distingués.
Eric ZEMMOUR
Loin, très loin même de la défaite annoncée. La droite italienne est sortie vainqueur des élections régionales. Le camp de Silvio Berlusconi, le Parti de la
Liberté associé à la Ligue du Nord, conserve la Lombardie et la Vénétie au nord, deux de ses fiefs, auxquelles s’ajoutent la Calabre et la Campanie, deux régions du sud, ainsi
que les deux régions très disputées du Piémont et du Latium, où se trouve Rome, la capitale du pays. La Ligue du nord triomphe en remportant largement la Vénétie avec son candidat
Luca Zaïa, qui est par ailleurs Ministre de l’Agriculture dans le gouvernement italien. Mais surtout, ce parti identitaire réalise l'exploit d'enlever le Piémont, fief de la gauche.
Son candidat, Roberto Cota, a de justesse supplanté la présidente sortante de gauche Mercedes Bresso.
En Lombardie, la liste des candidats de la Ligue obtient 27% des voix et talonne celle du PdL. En Vénétie, elle atteint près de 35% mais surtout dépasse largement le parti de Silvio Berlusconi d’environ dix points ce qui lui permettra de driger la région. «Le PdL tient bon mais la Ligue est déchaînée», a commenté Umberto Bossi, de manière diplomatique. Car il est clair que le résultat constitue un tournant de taille. Bien enracinée sur le territoire, la Ligue n’est plus seulement un parti protestataire et d’appoint. De Turin à Venise, avec même des percées notables dans les zones rouges du pays comme l’Emilie-Romagne où il avoisine les 14%, le mouvement identitaire est devenu une force centrale capable de récupérer les déçus de Berlusconi et en partie l’électorat populaire orphelin de la gauche. «Elle est KO. Dans le nord, les ouvriers ne votent plus pour elle», a analysé Umberto Bossi. Une preuve supplémentaire qu'un peu partout en Europe, face à l'immigration-invasion et l'islamisation, les peuples se tournent progressivement vers la résistance. |
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