On s'en étouffe, et puis, c'est tellement énorme qu'on ne peut qu'en rire. Un article
du Progrès du 11 novembre nous donne le point de vue de Christian Delorme, le "fameux" curé des Minguettes, initiateur de la marche pour l'égalité des droits et contre le racisme (dite
marche des Beurs) en 1983 qui a accouché de cette invention pernicieuse "la carte de résident de 10 ans" quand il eût fallu mettre en demeure les immigrés de choisir de s'assimiler et devenir
français ou de partir. Le prêtre est d'ailleurs en fort bonne compagnie dans cet article, puisqu'un autre grand apôtre de la déréliction républicaine et de la haine de la
France s'exprime, Philippe Meirieu, l'écolo-pédagogiste (qui aurait dû être enfermé depuis des lustres pour l'empêcher de concourir à l'anéantissement de notre nation) qui continue de vaticiner
ou plutôt de radoter : "il faut accueillir les enfants dans leur globalité, les prendre comme ils sont, comprendre et imputer" !
"Comprendre" : tout est dit ; étymologiquement, "prendre avec" pour mieux tirer vers
le haut, pour "educere", "sortir de", ce beau verbe est devenu le synonyme d'excuser, et, associé à "imputer" renvoie à la responsabilité d'autrui, ce qui nous ramène aux
déclarations sulfureuses de Christian Delorme. Après avoir, bien entendu, souligné que les jeunes "grandissent avec la peur du chômage" (ce qui, vous en conviendrez, est une excellente
raison pour casser les vitrines et les bâtiments publics, voler et agresser les passants…) il ose affirmer que "les incidents récents de la place Bellecour pourraient
correspondre à une sorte de rite de passage, les traditionnels (communion, apprentissage, service militaire) ayant disparu".
On ne nous l'avait jamais faite, celle-là, personne n'avait osé pousser la
culpabilisation de notre société jusque-là : nous savions que la colonisation, l'esclavage, les publicités décadentes avec des femmes en sous-vêtements, l'acceptation de l'homosexualité et de
la contraception ou le travail des femmes étaient les responsables de la violence, des tournantes et du deal organisé qui sévissent dans certains territoires perdus de la République, que les
noms et prénoms des demandeurs d'emploi d'origine immigrée les empêchaient de trouver du travail (c'est d'ailleurs pour cela que la troisième génération, échaudée, appelle
massivement ses enfants de prénoms arabes ou africains…), nous savions aussi que l'adresse de ces mêmes demandeurs d'emplois jouait en leur défaveur, eux qui sont issus de
banlieues dont un certain nombre d'habitants eux-mêmes agressent, caillassent la police, les médecins et les pompiers, saccagent les cages d'escalier et urinent dans les escaliers… Toute la
misère du monde est, bien entendu, due aux sales "Céfrancs" que nous sommes, mais la disparition du rite de passage, c'est un monument d'anthropologie !
Entendons-nous bien : je suis persuadée que, pour grandir, un enfant a besoin de rites
de passage, que ce soit l'examen d'entrée en 6° ou le brevet ; le couperet du passage en classe supérieure à l'école dépendant des enseignants et non du bon vouloir des parents ou élèves
eux-mêmes, la nécessité des efforts à faire pour avancer et échapper aux inconvénients de chaque âge, le mystère de la procréation se dévoilant peu à peu et cultivant le
désir, les sorties, lieux, films, cigarettes, alcool et sexualité interdits avant un certain âge, tout cela concourt à donner envie de grandir, à avoir une compensation au fait de perdre ses
illusions sur le monde adulte et de voir disparaître le cocon rassurant de l'enfance. Et les sociologues, pédagogistes à la Meirieu ou libertaires à la Cohn-Bendit sont responsables de la
confusion des âges qui sévit et permet à des gosses de 8 ans de tout connaître sur la sexualité et à des ados de 15 ans de devoir culpabiliser sur la guerre d'Algérie au lieu de rêver d'un
monde paradisiaque à construire.
Les rites de passage ont disparu, par la faute de ces grands enfants irresponsables
issus de 68 qui n'ont pas voulu que leur propre progéniture ait la chance de découvrir et faire le monde, préférant en faire des consuméristes fous et tristes.
C'est une réalité, mais dire que casser des vitrines et agresser les passants serait
une forme de rite de passage est non seulement une sottise sans nom mais une saloperie délibérée faite à tous. C'est non seulement accepter des actes inqualifiables et les justifier, donc les
encourager mais c'est aussi témoigner d'une méconnaissance absolue de ce qu'est un rite de passage. Il y a, à chaque fois, un effort, personnel, à faire, une difficulté à vaincre, un lieu
nouveau à découvrir, une souffrance à endurer (on peut penser à l'exemple de la circoncision en Guinée comme le racontait si bien Camara Laye dans l'Enfant noir) mais une récompense à
glaner, celle de l'appartenance à un groupe jugé valorisant (celui des adultes ou de la classe supérieure), l'accès à des lieux, produits ou activités
interdits jusque-là…
Quid de tout cela dans le fait de tout casser ? Où est l'effort ? Où est la
difficulté, quand on est en meute, de tout dévaster ? Où est la souffrance ? Où est la récompense ? A quoi et/ou à qui cela donne-t-il accès ?
Belles questions de rhétorique, la réponse est évidente : le néant
est total. Les casseurs n'ont pas suivi un rite de passage, ils ont fait resurgir les pulsions primitives et instinctives de leurs ancêtres préhistoriques ; au lieu d'un rite de passage
nécessaire pour participer à une société et la construire, ils pratiquent un rite régressif, celui du retour à la force brutale qui s'impose, celui du retour à la violence animale du prédateur.
Ils nient la civilisation.
C'est cela que couvre le curé des Minguettes avec de tels propos irresponsables dont
on doit rire à gorge déployée chez les racailles. Il est vrai que le bonhomme a rarement été bien inspiré dans sa vie, lui qui a œuvré pour que Tariq Ramadan ne soit plus interdit en France, en 1995, avant de reconnaître son erreur, ayant compris que Ramadan dévalorisait la culture
occidentale.
Certes, il fut capable d'un éclair de lucidité en reconnaissant le lien entre délinquance et immigration avant Zemmour (celui-ci s'étant d'ailleurs inspiré de ses
propos), mais le voici retourné à ses vieilles lunes et à son entreprise de destruction de notre société, en compagnie de son compère Meirieu.
Il serait temps qu'ils prennent leur retraite, de préférence sur une île déserte
coupée du monde, qu'on cesse de subir les effets de leur déraison.